Cartes postales hors Nancy • [1893]-[fin XXe] Voir dans l'inventaire Ajout à votre panier

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Les origines

La carte postale est inventée à Vienne (Autriche) le 1er octobre 1869. Le 28 janvier 1869, Emmanuel Hermann, professeur d'économie politique à l'académie militaire de Vienne-Neustadt, avait publié un article dans un journal du soir il reprenait une idée défendue par Heinrich Stephan, haut fonctionnaire prussien des services postaux, en 1865 devant la conférence postale germano-autrichienne de Karlsruhe. Il s'agit d'introduire un système de correspondance ouverte, pratique et économique. Heinrich Stephan n'avait pas réussi à convaincre ses interlocuteurs, ceux-ci craignant de voir réduire les recettes de leur administration.

Dans un premier temps, la carte postale est rejetée par la France et la Grande Bretagne, qui lui reproche son manque de discrétion issu de l'absence d'enveloppe. Finalement, le 20 décembre 1872, la loi de finances française officialise la carte postale non illustrée, c'est un premier pas. La carte postale est alors " un rectangle de papier résistant dont le recto est imprimé d'un texte administratif et de la reproduction d'un timbre - le verso est réservé à la correspondance qui circulera au grand jour. " Mais ceci tranche avec le séculaire secret de la correspondance et le concept de carte postale ne séduit pas immédiatement le reste de l'Europe. La guerre franco-prussienne de 1870 motive l'allègement des correspondances et l'examen facile par la censure ; on autorise l'échange de simples cartons au fameux format 10x15cm. La carte postale apparaît en France en 1870 dans Strasbourg assiégée par l'armée allemande. Une carte portant l'estampille de la Croix-Rouge est mise en circulation par la Société de secours aux blessés afin de permettre à la population civile de communiquer succinctement avec l'extérieur. Le général allemand Weider donne son accord pour que cette carte puisse sortir de la ville, accord dont les Strasbourgeois sont informés par voie d'affiches imprimées en allemand et en français et signées Rosshiert, administrateur de la poste allemande en territoire occupé. Il s'agit d'une carte discrètement illustrée d'une croix rouge et non affranchie. On l'achemine non seulement vers la France, mais aussi vers la Suisse. Le siège de Strasbourg dure du 13 août au 23 septembre 1870. Il apparaît que d'autres cartes du même type - une vingtaine environ - furent éditées par les soins de divers comités de secours aux blessés notamment à Nantes, Mulhouse, Haguenau, Bischwiller, Besançon, Chambéry et Lyon. A Nancy, passée sous tutelle de l'administration allemande, la population est informée le 29 septembre 1870 qu'elle peut utiliser une carte de correspondance. Celle-ci est mise à la disposition du public au prix de 1 centime, et en quantité limitée (cinq cartes par personne). Elle est vendue dans toutes les recettes et par les facteurs et peut être acheminée vers les états de la Confédération de l'Allemagne du Nord, la Bavière, le Wurtemberg, le grand duché de Bade, le Luxembourg ainsi que vers n'importe quel point des territoires français occupés par l'armée allemande. La correspondance peut être écrite à l'encre ou au crayon et l'expéditeur n'est pas tenu de se nommer.

En 1878, l'Union Postale Universelle fixe le format 9 x 14cm. L'exposition universelle de 1889 à Paris, avec ses foules de visiteurs, voit le premier grand tirage de carte postale : une carte de la Tour Eiffel, gravée par Léon Charles Libonis, est émise à 300.000 exemplaires. Peu après, en 1891, la première carte postale photographique est tirée à Marseille par Dominique Piazza. L'idée se répand et les coûts baissent rapidement.

L'âge d'or

L'utilisation de la carte postale officielle (CPO) n'intervient en France que le 15 janvier 1873. Cette première CPO était destinée à circuler à découvert en France et en Algérie, à l'intérieur d'une même ville ou dans la circonscription d'un même bureau (correspondance locale).

Par la suite, d'autres types de CPO virent le jour : cartes "réponse payée" (CRP) (1879), cartes "pneumatiques" à usage parisien (CPn) (1879), cartes postales pneus (PPP) (1879) et cartes postales pneus réponse payée (CPP) (1880).

Jusqu'en 1875, la carte postale reste un monopole de l'administration postale, mais les premières cartes publicitaires ne tardent pas à apparaître. En 1873, les magasins de la Belle Jardinière font reproduire au recto des cartes officielles de petites illustrations représentant leurs immeubles de la rue du Pont Neuf, à Paris. Le développement de la carte postale dans les pays industrialisés aboutit en 1874, par le traité de Berne, à la création de l'Union générale des postes, la future Union postale universelle. A partir du 1er janvier 1876, les Français sont autorisés à expédier leurs cartes postales dans les pays faisant partie de l'Union. La loi du 6 avril 1878 instaure un tarif unique à 10 centimes pour la France et l'Algérie, quel que soit le bureau destinataire. Ce tarif reste en vigueur jusqu'en 1917, soit près de quarante ans, un record de stabilité des prix ! En se limitant à cinq mots (de caractère familial), l'expéditeur bénéficie d'un tarif de faveur réduit à 5 centimes. Jusqu'en 1903, le recto de la carte postale n'était pas divisé en deux parties. Trois ou quatre lignes horizontales sur toute la largeur de la carte permettaient d'inscrire la seule adresse du destinataire.

L'exposition universelle de Paris en 1900 marque l'explosion de l'usage de la carte postale. La production passe de 100 millions en 1910 à 800 millions en 1914, voire plus selon certaines sources. C'est l'âge d'or de la carte postale. L'examen des correspondances montre une grande proportion de simples salutations ou une " poignée de main " (à cause d'un tarif réduit pour 5 mots), de souvenirs d'excursion dominicale en banlieue et de " bonnes nouvelles " données après un voyage en train. La crue de la Seine à l'hiver 1910 montre à l'extrême le rôle journalistique quasi quotidien tenu par la carte postale. Accidents de toue nature (train, tramway, autobus…), manifestations, grèves, visites de chef d'état, obsèques officielles, essais d'aéroplanes ou d'aérostats font bonne figure face aux scènes de rue, aux panoramas, aux monuments, aux commerçants posant devant leur boutique ou aux habitants photographiés dans leur rue. On se donne alors rendez-vous pour le lendemain par carte postale ! Les populations voyageaient plus qu'on ne l'imagine et toute l'Europe figure sur les cartes - Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Angleterre. Les vœux s'adressent maintenant par carte, mais ces petits cartons portent aussi la marque de l'humour, de la fantaisie voire de la caricature, du pamphlet politique ou de la grivoiserie. Ces derniers aspects valent parfois des ennuis aux éditeurs.

La Première Guerre mondiale donne un nouvel élan à l'échange de cartes postales alors que des millions d'hommes sont éloignés de leurs familles. Malgré la censure, c'est le seul lien qui permet au soldat de recevoir des nouvelles des siens et de prouver qu'il encore en vie, souvent au jour, le jour avec un pauvre crayon de bois. Les illustrations sont convenues ou de claires propagandes, mais l'essentiel est dans la correspondance. Les cartes postées à Viroflay, avec ses nombreux cantonnements et centres de convalescence, ne sont pas soumises à la même censure qu'au front, et donnent beaucoup de détails sur la vie quotidienne et le moral. A la différence de nous, qui connaissons la date de fin de la guerre, les éditeurs ne pouvaient la prédire. Aussi voit-on une évolution des légendes : Campagne de 1914, Guerre de 1914, Guerre internationale, Guerre de 1914-1915, Grande Guerre 1914-1917, Guerre 1914-1918.

A Nancy, Albert Bergeret, un des plus célèbres créateurs du début de ce siècle de cartes postales illustrées et photographiques, ouvre son premier atelier de fabrication de cartes postales en 1898. Sa production atteint 25 millions de cartes postales en 1900, 75 millions en 1903 et 100 millions (le quart de la production française) en 1909. De 1900 à 1930, la production de ces seuls ateliers a atteint 3 milliards de cartes ! L'entreprise disparaît en 1936, quatre ans après la mort de son fondateur.

Le déclin

Comme pour tourner la page après ces années terribles, la population semble se détourner des cartes postales dans les années 20. Le rapprochement des familles, la concurrence croissante du téléphone et du télégraphe, l'usage de la photographie dans la presse, le développement de l'automobile, mais également la pénurie des matières premières entraînant un support de cartes de moins bonne qualité ou la disparition des compétences en matière de phototypie, tout contribue à rendre vieillot ce mode d'échange. Le déclin est particulièrement sensible après les années 30 et leurs cartes sépia qui sont d'ailleurs souvent de moindre qualité que les devancières. La crise économique, puis la Seconde Guerre mondiale parachèvent ce mouvement dans toute l'Europe. Sous l'Occupation, les cartes sont souvent des retirages de cartes anciennes ; il est obligatoire de mentionner l'adresse complète de l'expéditeur dans un cartouche. L'usage de la photo en noir et blanc, vers 1955, puis l'apparition de la couleur pendant les années 60 n'arrivent pas à relancer durablement l'usage de la carte postale. L'habitude est perdue.

Le renouveau

A partir de 1975, la carte postale ancienne est appréciée, car elle est le témoin d'une époque révolue. Vieux métiers, sites, immeubles, les cartes postales passionnent les citadins qui ont presque tous des racines dans des petits villages. Clubs et marchands s'organisent pour recueillir et recenser ces cartes qui dorment dans des boîtes à chaussure, à la cave ou au grenier. En parallèle, une carte postale touristique limitée se maintient, souvent cantonnée aux monuments principaux. Un effort aussi est fait par des artistes, illustrateurs graphiques, photographes, etc. qui composent sur des thèmes très variés. Alors que les stocks de cartes inexploités se raréfient dans les caves et les greniers, notre société de l'immédiateté ne favorise pas vraiment la carte postale ? Téléphone, télécopie, courrier électronique ou films vidéo permettent des échanges qui sont certes plaisants, mais souvent insignifiants et parcellaires. Certes, on est prêt à écrire, à pianoter en fait, mais utiliser la carte postale prend du temps : il faut l'acheter, l'écrire, la poster, l'acheminer...

Techniques

Le support

Les pionniers utilisent le support en carton, ou en papier fort. Au long du temps, ce carton change d'aspect principalement selon les techniques d'imprimerie ou de photographie. Souvent, il s'agit d'un sandwich de feuilles très minces entre collées, le papier fin ou glacé étant réservé au support imagé. Signalons aussi les cartes imprimées sur calque, brodées sur une gaze, en carton métallisé, en aluminium ou en cuivre repoussé.

La phototypie

La photographie sur plaque atteint sa maturité vers 1900. Cela permet aux éditeurs d'envoyer des opérateurs dans le moindre village. Ces négatifs servent ensuite à fabriquer des phototypes en gélatine aptes à retenir sélectivement l'encre et à réaliser des impressions de très haute qualité, sans tramage. La simili-gravure, donnant une image tramée, est certes séduisante dans l'aspect général, mais les détails sont mal rendus et ne permettent pas une utilisation des agrandissements.

La photographie

Les années 50 voient la sortie de tirages photographiques noir et blanc, petit et grand format, très souvent à bords dentelés. Avec le temps, ces tirages ont tendance à bomber.

La couleur

La carte postale ancienne est en noir et blanc. Les cartes anciennes en couleur sont des cartes coloriées par l'éditeur pendant l'élaboration. La carte noir et blanc peut être transformée en monochrome, c'est-à-dire que la photo noir et blanc est développée en sépia, en bleu ou en vert. Il faudra attendre les années 60 pour voir sortir des tirages en couleur en quadrichromie, comme dans la presse.

La carte-photo

Lorsqu'un grand tirage n'est pas envisagé, par exemple une scène familiale, un groupe de conscrits, un militaire posant ou un fait-divers, la carte ancienne peut être une photographie véritable dont le tirage est contre-collé sur un dos de carte. C'est la carte photo. Ces cartes-photos, rares, par essence, sont très recherchées des collectionneurs. Cependant les grains d'argent ont tendance à grossir en surface et les tons noirs deviennent irisés et blanchâtres.

Datation

Le support

Ainsi qu'on l'a vu, le type de support peut renseigner sur la date de fabrication, par exemple les dos verts, le carton crème, le carton à bord dentelé. De 1870 à 1889, les cartes ne sont pas illustrées ; les premières et rares cartes illustrées datent de 1889. De 1897 à 1903, les cartes pionnières ont un dos à trois lignes réservé à l'adresse, la correspondance doit se faire du coté de la photo ; de 1904 à 1908, la correspondance est progressivement autorisée au dos de la carte. Avant 1910, les éditeurs utilisent du papier de chiffon bien blanc ; après 1910, et surtout 1914, les éditeurs utilisent du papier au bois, granuleux et le dos est vert.

Le timbre et le cachet

L'évolution du tarif d'affranchissement permet de remonter à la période de circulation d'une carte, car parfois le cachet manque ou est illisible. Attention cependant car certaines personnes peu scrupuleuses collent un timbre sans rapport sur une carte, par exemple pour cacher un défaut. Il faut vérifier que l'empreinte postale qui marque le timbre se poursuit en continuité sur la carte. Le cachet lui-même est important car il a quasiment valeur de preuve. Il indique le bureau postal, le département, la date et l'heure de levée. L'administration des Postes, par égard pur ses clients, apposait aussi un cachet à l'arrivée, sur le même principe, mais avec un cercle tireté.

Le travail de classement des cartes postales relatives à la Première Guerre mondiale a été réalisé par Julie Bedez en octobre 2012.

Date de l'unité documentaire [1893]-[fin XXe]

Description physique

Nombre d'unités de niveau bas

484

Dépôt

Archives municipales de Nancy

Statut juridique

Archives de statut juridique mixte

Communicabilité

Librement communicable, sous réserve de l'état matériel du document.

Bibliographie

Bibliographie se rapportant aux cartes postales :

- ARMAND, P. N. et P-Y. et alii, Dictionnaire de cartophilie francophone, Ed. CPC, 1990.

- ARMAND, P.N. et THINLOT, A., Historique de la carte postale française illustrée, Ed. CPC, spécial hors-série, 1987.

- KYROU, A., Age d'or de la carte postale, Paris, Ed. Balland, 1966, rééd.1975.

- MONNIER Albert, La carte postale, éd. LPAM, 1980.

- ZEYONS Serge, Les cartes postales, Hachette, 1979.

Descripteurs

Grand domaine de recherche : Collections iconographiques
Typologie documentaire : carte postale

Cotes extrêmes

7 Fi 1-224 ; 107 Fi 1-260