Navigation et régime des eaux • [1722]-1975 Voir dans l'inventaire Ajout à votre panier

Présentation du contenu

La sous-série 3 O est constituée des documents relatifs à la navigation et régime des eaux [1722]-1975. Ils ont été produits par les héritiers du service de la voirie, des égouts, des eaux et de l'éclairage public du XIXe siècle (depuis le milieu des années 50). Malheureusement, les dates des différents versements n'ont pu être déterminées de façon précise.

Il s'agit d'archives papier portant essentiellement sur les aspects réglementaires (extraction de gravier et de sable, flottage, navigation, prises d'eau…) relatifs à la Meurthe. Les activités industrielles installées sur la rivière transparaissent à travers la douzaine d'articles évoquant les moulins et tout particulièrement les Grands moulins de Nancy.

Contrairement à la très grande majorité des villes, Nancy n'est pas née autour d'un cours d'eau et de son potentiel commercial. La cité s'est même longtemps tenue à l'écart de la Meurthe. Le site de fond de vallée humide et marécageux parcheminé de nombreux bras morts et de méandres témoignent d'un cours « sauvage », voire dangereux, et contraignant pour l'aménagement des rives notamment près des sites de franchissement. La ville a été établie à l'écart des rives inhospitalières et inondables de la rivière. La mise en valeur de cet espace périphérique s'est ainsi longtemps résumée à des prés et des jardins, complétés de quelques rares habitations et activités. Mais le cours d'eau n'est pas totalement délaissé puisqu'il constitue un axe d'échanges, en particulier pour le flottage du bois par trains de planches en provenance du massif vosgien. L'actuel quartier du port aux planches de services techniques municipaux Nancy rappelle cette ancienne activité ; navigable jusqu'au XVIIe siècle, il servait aux commerces des grains. La force motrice de la rivière a été également utilisée pour des moulins à grains construits sur des biefs de dérivation sur les deux rives de la Meurthe.

L'urbanisation du XVIIIe siècle va progressivement rapprocher la ville de la rivière. En 1835, les rares habitations sont liées aux axes de franchissement de la Meurthe vers Malzéville et sont complétées par deux modestes ports (le Crosne, le Port-aux-Planches), des tanneries et des moulins, présents ici depuis le XIIIe siècle et annonçant finalement la future spécialité de ce territoire où les activités non souhaités au centre-ville vont s'installer. Ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle que l'extension urbaine et industrielle conquiert le fond de vallée et le lit majeur de la Meurthe. L'industrialisation se heurte, en effet, aux contraintes foncières et son expansion n'est possible que par l'occupation du lit majeur sans réelle valeur. Paradoxalement, l'urbanisation de ce secteur se fait en dépit du risque d'inondation et de la répétition de plusieurs grandes crues (1830, 1831, 1844, 1878, 1895).

Sur le territoire de la commune, deux ponts seulement franchissaient la Meurthe, que l'on pouvait également traverser en utilisant le bac vers Tomblaine. Le pont de Malzéville est l'ouvrage à la fois le plus ancien et le plus important. Le pont d'Essey a été établi lors de la réalisation de la route de Nancy à Château Salins sous le règne du duc Léopold. Les voies sont peu nombreuses. Outre la route de Château Salins déjà citée, il faut mentionner le prolongement de la rue Ste Catherine dans le faubourg du même nom s'arrête à la morte de la Meurthe, en un lieu appelé le pont de la Croix. Le chemin des Cinq Piquets, prolongement du chemin des Jardiniers jusqu'à la Meurthe doit son appellation à la présence de pieux plantés dans le lit de la rivière. Ils servaient à fixer les bois de flottage en provenance des Vosges. Cet endroit deviendra après 1770 un lieu de baignade fort apprécié des nancéiens. Le chemin des Sables menait vers le bac de Tomblaine et rappelait une antique sablière.

En 1852, la mise en service du canal de la Marne au Rhin attire des petites industries et des activités d'approvisionnement – dépôts, gare de marchandises, abattoirs – qui s'installent entre le canal et la rivière. Parallèlement, la ville se développe vers les coteaux ouest, tournant le dos à la rivière. Le risque d'inondation va s'inscrire dans la vie du quartier et de ses habitants, notamment lors des crues remarquables de 1895, de 1910 ou de 1919 par exemple. Mais c'est la crue de 1947, de récurrence centennale qui marquera surtout la mémoire des Nancéiens, puisqu'elle atteint des secteurs de la ville jusqu'alors protégés. En sus du quartier Meurthe-Canal, l'inondation touche les quartiers du XVIIIe siècle et des lieux aussi symboliques que la cathédrale, la place Carrière et la Pépinière. En 1947, les eaux atteignent le parvis de la cathédrale et la place de la Carrière. En 1982 et 1983, trois crues successives entraînent une montée des eaux de 1,50 mètre dans certaines rues de Nancy. L'eau arrive jusqu'au parc de la Pépinière, à proximité de la place Stanislas, c'est-à-dire au cœur de Nancy. Pour les Nancéens c'est un choc. Un tel risque est d'autant plus inacceptable que, depuis une dizaine d'années, un projet de canalisation de la Meurthe devait mettre les quartiers riverains à l'abri des crues. C'est un des premiers chantiers auxquels la nouvelle majorité municipal dirigée par André Rossinot a été confrontée en 1983.

Les réflexions et les projets de canaux dans le Nord-Est du pays tout comme la construction, l'entretien et les activités diverses du canal de la Marne au Rhin font l'objet de 25 articles qu'il conviendra de compléter par les documents du fonds des Ponts et chaussées conservées aux Archives départementales.

Près de deux tiers des cotes, enfin, concernent les ruisseaux qui prennent leur source sur les hauteurs de la ville, dans l'étang Saint-Jean ou d'autres endroits tel le pied des remparts de la citadelle. Domestiqués par l'homme à des fins diverses (prises d'eau, lavoirs…), la plupart d'entre eux sont devenus des cloaques à ciel ouvert au XIXe siècle, puis couverts et transformés en égouts à partir du siècle suivant y compris celui qui court sous les Archives municipales, à savoir le ruisseau Saint-Thiébaut également connu sous le nom de ruisseau des Tanneries.

Un traitement grossier du fonds en 2014 s'était limité aux documents relatifs au canal de la Marne au Rhin. L'ensemble a été entièrement repris durant l'été 2016 par l'auteur de ces lignes. Seuls les doubles et les documents sans intérêt documentaire ou historique ont été éliminés (0,85 ml). Le classement s'est avéré délicat dans la mesure où la plupart des typologies avaient été mélangées et que la seule solution résidait dans le tri pièce à pièce. Quelques rares documents figurés ont été versés dans des sous-séries de la série Fi (fonds figurés). La sous-série 3 O compte 106 articles et mesure 1,46 ml.

27 octobre 2016

D. Peter

Conservateur

Date de l'unité documentaire [1722]-1975

Description physique

Nombre d'éléments

106 articles

Métrage linéaire

1,46

Dépôt

Archives municipales de Nancy

Origine

Ville de Nancy. Services techniques municipaux

Historique de la conservation

Cf. présentation du contenu.

Informations sur les modalités d'entrée

Versements.

Informations sur l'évaluation

Conservation définitive (106 articles, 1,46 ml) ; éliminations (0,85 ml).

Statut juridique

Archives publiques

Communicabilité

Librement communicable

Sources complémentaires

Sources internes

- Sous-série 1 D, Conseil municipal (1789-1984).

Sources externes

Archives de Meurthe-et-Moselle :

- Série C, Papiers de l'Intendance, C 107-174, Entretien des rivières... et navigation (1731-1790) ;

- Série C, Subdélégation de Nancy, C 440-448 (1755-1790) ;

- Sous-série 3 S, Navigation intérieure (1803-1939).

Bibliographie

- EDELBLUTTE S., « Renouvellement urbain et quartiers industriels anciens : l'exemple du quartier Rives de Meurthe/Meurthe-Canal dans l'agglomération de Nancy », Revue Géographique de l'Est, vol. 46, 3-4, 2006, http://rge.revues.org/1455 ;

- CHIFFRE E., MATHIS D., MATHIS A., « Les inondations à Nancy – Anciennes et nouvelles problématiques », Développement durable et territoires, vol. 5, n°3 | Décembre 2014, http://developpementdurable.revues.org/ ;

- ROMAC, M., Le Canal de la Marne au Rhin : son passé, son avenir, Varangéville, 1997 ;

- VIANSON, I., Histoire du canal de l'Est (1874-1882), Nancy, 1882.

Rédacteur de la description

Daniel Peter

Cotes extrêmes

3 O 1-106