Fonds Roger Mossovic • 1951-2016 Voir dans l'inventaire Ajout à votre panier
Présentation du contenu
Outre des documents relatifs à la librairie des Arts, haut lieu de rencontres culturelles dans la cité ducale de 1952 à 1987, on peut y découvrir toute l'action culturelle menée par le Cercle GAREN fondé par le donateur et d'autres informations relatives à l'Art nouveau, grande passion de ce père fondateur du Livre sur la Place ! Le fonds est le reflet, sans doute incomplet, de cette vie richement active au service de la culture.
Description physique
Nombre d'éléments
27 articlesMétrage linéaire
1,72Dépôt
Origine
Mossovic, RogerBiographie ou histoire
Né le 25 juillet 1927, fils d'immigrés polonais arrivés en France en 1925, Roger Mossovic nous a précisé : « […] mon père de son vrai patronyme Boruch Moszkowicz, a dû au moment de la naturalisation familiale, franciser son nom qui devient Bernard Mossovic, longtemps après son arrivée en France en 1925. Il était tailleur d'habits en Ville-Vieille à Nancy où je vis le jour tout comme ma sœur. Personnellement sur mes premiers papiers d'identité mon prénom était Romek… d'où la traduction en Roger. » La famille s'établit à l'angle des rues du Haut-Bourgeois et Braconnot. Élève à l'école Braconnot, puis au lycée Poincaré, le donataire doit porter l'étoile jaune imposée à tous les habitants juifs dès les premiers mois de l'occupation nazie.
En juillet 1942, ses parents sont discrètement prévenus de la terrible rafle nancéienne. La famille trouve alors refuge en Haute-Garonne pour revenir à Nancy en 1946. Malheureusement, l'échoppe de tailleur d'habits parentale avait été pillée et les locaux devenus impraticables. Ses études secondaires achevées, une nouvelle vie attend Roger Mossovic.
En un premier temps, il s'oriente vers l'Institut dentaire, mais assez tôt sa vraie vocation se situe ailleurs. Avant tout, l' « enfant de la Grande Rue » aime les livres et se délecter des mots. C'est ainsi qu'il entre comme apprenti stagiaire à la librairie de René Didier (un professionnel autodidacte), puis à celle de Victor Berger, vénérable institution de papeterie et livres scolaires au cœur de la ville. Prolongeant son champ d'action, il tente Paris à la librairie Flammarion, en vogue sur les grands boulevards. Payé une misère à la « guelte » (commission), il préfère revenir auprès des siens. Malgré les sollicitations de son beau-père pour l'épauler dans une entreprise florissante de bonneterie, il préfère franchir le Rubicon et prendre le risque de s'installer à son propre compte.
Le 2 juin 1951, il ouvre la Librairie des Arts « librairie spécialisée, pure et surtout sans papeterie » selon M. Mossovic, trottoirs Héré (future rue Héré). Invité à la table des libraires nancéiens, il bouleverse les usages commerciaux d'alors. L'entrée libre et l'ouverture le dimanche matin n'étaient pas la norme. Le lieu organise des conférences-débats. Des auteurs connus tels Jules Romains, Daninos ou François Nourissier, et moins connus, n'hésitent pas à se prêter à des séances de dédicace où se presse souvent une foule compacte de connaisseurs. En 1973, il invente le club du Livre lorrain. Il préside également l'association Lire à Nancy. En 1967, il faut agrandir les locaux. Ce sera chose faite avec le concours de l'architecte Claude Prouvé qui réalisa une opération curetage présentant un caractère pilote pour l'époque. De l'immeuble, il ne conserva que la façade tandis que l'intérieur est parfaitement fonctionnel. L'ensemble devient une référence à une époque où les débats sur la sauvegarde ou non d'immeubles anciens commencent et s'enveniment très souvent.
La librairie se double depuis 1952 d'une galerie d'art qui accueille des graveurs illustres tels Claude Weisbuch, Cournault, Georg, Hans Erny ou André Jacquemin, histoire de prolonger « une belle tradition de graveurs lorrains comme André Vahl, Hallez et bien sûr Callot et Israël Sylvestre ». Hilaire, Michel Ciry, Véronique Filozof, Roger Marage, d'autres peintres et sculpteurs, et même Picasso exposent dans la galerie qui atteint une belle notoriété dans le monde des arts.
Infatigable promoteur du livre, Roger Mossovic, propose en 1978 à une douzaine de ses confrères d'organiser une grande braderie. En première intention, il songe à liquider les publications de l'année, à conseiller les lecteurs et à faire découvrir des pépites littéraires méconnues. Sa suggestion est très bien accueillie. L'association Lire à Nancy rejoint l'aventure. C'est la naissance du Livre sur la Place, en 1979, sous la forme d'une petite tente déployée place Stanislas. Puis, d'année en année, la manifestation prend de l'ampleur avec le soutien de la ville de Nancy et des académiciens Goncourt. Le petit chapiteau devient alors trop étroit pour accueillir autant de monde. Les stands plient bagage pour se rendre place de la Carrière. C'est le début de la gloire.
Propriétaire exploitant, Roger Mossovic mène ce rythme de vie jusqu'en 1987, date à laquelle il quitte la librairie et devient directeur commercial des Presses universitaires de Nancy. En 1992, l'heure de la retraite ayant sonné, M . Mossovic rejoint la commission de quartier Clémenceau-Saurupt, puis fonde en 1999 le Cercle GAREN (Groupe d'action et de réflexion sur l'École de Nancy), association dont la vocation est de faciliter l'accès à la culture de publics non spécialisés, qu'il présidera jusqu'au début de l'année 2016. En 2005, l'association comptait 411 membres ; en 2015, elle dépasse le cap des 650 cotisants. Outre des voyages de découverte de villes ou d'expositions, GAREN et son président, grand agitateur culturel, propose de nombreuses conférences sur les thèmes aussi variés que l'art sous tous ses aspects, l'histoire, la botanique, la gastronomie, des Lorrains illustres.
Historique de la conservation
Un premier fonds Mossovic a été créé en 1992, mais une partie des documents a été perdue avant 2005. Les documents restant ont été classés en septembre 2013 et les deux fonds ont été regroupés.
Informations sur les modalités d'entrée
Don du 6 février 2017 (50 articles, 10 ml).
Informations sur l'évaluation
Conservation définitive (24 articles, 1,72 ml) ; éliminations (8 ml).
Statut juridique
Communicabilité
Librement communicable
Bibliographie
Munier (Bertrand), «Roger Mossovic..., le père fondateur», l'indigomag, e-mag des autres voyages, septembre 2016.
Rédacteur de la description
Daniel Peter